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Secteur public en Algérie : instabilité et valse des managers

Par TSA | le Mardi 08 Février 2022

Secteur public en Algérie : instabilité et valse des managers

Encore un changement à la tête d’Algérie Télécom. Adel Bentoumi remplace au poste Hocine Halouane, nommé en septembre 2020 seulement. La décision a été prise par le conseil d’administration du groupe public.

L’instabilité managériale au niveau de l’opérateur historique des télécommunications, et plus globalement dans la sphère économique publique algérienne, interpelle. En moins de 18 mois, le conseil d’administration d’Algérie Télécom a désigné un PDG, pour le limoger et installer un autre manager, sans explication.

Le précédent au poste était l’actuel ministre des Télécoms, Karim Bibi Triki, qui a dirigé Algérie Télécom pendant une année, entre septembre 2020 et juillet 2021.

En un peu plus de trois ans, cinq PDG se sont relayés à la tête de l’opérateur public. Ce qui n’est pas une nouveauté. La valse des dirigeants à Algérie Télécom a commencé dans les années 2000.

Depuis 2003, la société a changé de tête une quinzaine de fois. Le record de longévité cette dernière décennie est détenu par Azouaou Mehmel qui est resté 4 ans au poste entre 2012 et 2016.

Plusieurs PDG sont passés par la case prison pour des accusations de malversation. Le dernier en date est Ahmed Choudar, poursuivi dans l’affaire Melzi.

Des changements souvent pas expliqués

La compagnie aérienne nationale Air Algérie est aussi marquée par l’instabilité managériale depuis quelques années. Bekhouche Alleche l’a dirigée pendant 3 ans (2017- début 2021) et son prédécesseur Mohamed Abdou Bouderbala y est resté 2 années. Depuis une année, Air Algérie est dirigée par un PDG par intérim.

Pour rester dans les grandes entreprises publiques, Sonatrach n’est pas épargnée. La compagnie pétrolière nationale connaît une certaine stabilité depuis deux ans, avec le maintien de Toufik Hakkar, nommé au lendemain de l’élection du président Abdelmadjid Tebboune, mais elle a eu aussi sa valse de PDG.

Avant la nomination de M. Hakkar, Sonatrach a connu trois dirigeants en un an : Ould Kaddour, Hechaichi et Chikhi. Depuis l’année 2000, douze PDG se sont succédé à la tête de la première entreprise du pays. Cette instabilité a été plusieurs fois mise en avant par des cabinets spécialisés comme l’un des facteurs qui freinent le développement du secteur énergétique en Algérie.

« Les efforts passés de la société pour augmenter la production d’énergie ont été entravés par de fréquents changements de direction. Elle a eu quatre directeurs généraux au cours des deux dernières années », notait l’agence Ecofin en février 2021.

La même chose peut être dite des autres secteurs où les managers ne font pas long feu. Si de nombreux PDG ont été écartés pour leur implication dans des affaires de corruption, d’autres l’ont été pour des erreurs et fautes de gestion, comme l’ancien PDG d’Air Algérie Bekhouche Alleche, dont la présidence de la République avait expliqué le limogeage par la conclusion d’un marché d’importation d’ustensiles, en porte-à-faux avec les orientations d’austérité des hautes autorités du pays.

Mais souvent, on ne connaît pas les raisons des changements effectués, ceux qui les annoncent se contentant de communiqués laconiques qui indiquent les noms du nouveau dirigeant et de son prédécesseur, sans plus.

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